Rapport de formation des prestataires de santé en santé mentale novembre/décembre 2018

Projet FMG – MEMISA

LABE / Guinée. Email : drsowab@fmg-ong.org

N° 3494/MIS/CAB/DNAP/95

  RAPPORT DE FORMATION DES PRESTATAIRES DE SANTE EN SANTE MENTALE

                                                         Tenu du 28 Novembre au 7 décembre 2018

Sommaire
Titre Pages
Synoptique de l’atelier de formation 3
Introduction 4
1.      Contexte et justification de l’atelier de formation 4
2.      Objectifs de la mission de formation 5
5.1  Objectif général 5
5.2  Objectifs spécifiques 5
3.      Résultats attendus 5
4.      Méthodologie 5
5.      Calendrier 6
6.      durée de la formation 6
7.      Déroulement 6
8.    Points positifs 13
9.      Difficultés 13
10.  Recommandations et suggestions 13
11. Conclusion 14

Synoptique de l’atelier de formation

Intitulé de l’action

Projet de formation des prestataires de santé sur la prise en charge des pathologies mentales et les soutiens psychosociaux des patients.

Commanditaire

  • Organisation MEMISA
  • Organisation FMG
  • Coordination régionale moyenne Guinée.

Organisation technique

  • Fraternité Médicale Guinée (FMG)
  • Coordination régionale moyenne Guinée.

Partenaires financiers du projet

  • Organisation MEMISA/ Coopération belge

Durée de la formation

  •  1 jour par Site (du 28 Novembre2018 au 8 Décembre 2018)

Lieu :

  • Les centres de santé site du projet (TATA 1, Thianguel Bory, Korbè, Timbo, IIFS, CSU de Télimélé et Timbi Madina)

Facilitateurs

  • Dr Michel DEWEZ Psychiatre-Psychanalyste
  • Dr. SANGARE Siaka médecin généraliste

Les points abordés

  • Les cas cliniques (interrogations, explications, questions réponses et commentaires ;
  • Les consultations en stratégie fixe et avancée ;
  • Visite des guérisseurs traditionnels.

Participants

  • Au niveau de chaque centre de santé deux (2) personnes sont identifiées : le responsable de la consultation primaire curative (CPC) et agent suppléant(CPC), accompagné de l’agent communautaire de santé. 2 personnes à TATA 1, 2 à Thianguel Bory, 3 à Korbè, 2 à Timbo, 1 à IIFS, 2 au CSU de Télimélé et 1 à Timbi Madina.
  1. Introduction :

L’intervention de MEMISA en Guinée avec FMG est basée sur l’amélioration de l’accès aux soins de santé de qualité par le renforcement d’un partenariat avec la société civile locale et des structures de santé intégrées au système de santé. Dans cette époque post-Ebola, l’accent est mis sur le renforcement du système de santé local.

L’intervention se construit autour de trois axes opérationnels de développement. A savoir :

La promotion de la bonne gouvernance, l’amélioration de l’offre et l’appui à la demande,

Dans le cadre de l’amélioration de l’offre basée sur le renforcement des capacités du personnel de santé en passant par des échanges et des stages pratiques, en collaboration avec les différents acteurs qui apportent leurs expertises, une mission de formation en santé mentale a été initiée et organisée dans le but d’échange entre les prestataires de santé des sites appuyés par le projet, pour l’amélioration de la qualité de prise en charge des malades en général et en particulier des malades mentaux.

  1. Contexte et justification de l’atelier de formation

Dans le cadre de l’évaluation de la prise en charge, est assuré le suivi formatif du personnel des nouveaux centres de santé et la mise à niveau et l’accompagnement du personnel des anciens centres de santé partenaires. Les partenaires FMG en collaboration avec l’ONG Belge MEMISA dans le projet de renforcement du système de santé avec la société civile locale et des structures de santé organisent une mission de formation et de partage d’idées et d’expériences sur les questions de Santé Mentale pour une période de vingt-cinq (25) jours.

Ce processus de formation vise à couvrir à la fois les anciens centres : FMG (Labé TATA1), le Centre Médical Associatif de Timbi Madina et le centre de santé urbain de Pita, mais également les nouveaux centres de santé dans les Préfectures de Télimelé (centre de santé urbain de Télimélé et centre de santé pédagogique de institut de Télimélé) ; à Mamou le centre de santé public de Timbo. Malgré le fait que la prise en charge soit effective dans ces centres de santé, le personnel est toujours accompagné dans les consultations pour renforcer la prise en charge de patients et l’accompagnent de leur famille dans le traitement de leurs malades. Cette mission sera également l’occasion de discuter de la mise en place d’un dossier médical consensuel à usage plus simplifié pour faciliter la prise en charge des malades mentaux.

Enfin, ces consultations conjointes permettront aux formateurs de poursuivre le dialogue entre eux et les prestataires de santé afin de promouvoir l’idée de documenter leurs pratiques et de préparer la réalisation d’un film documentaire sur la santé mentale.

 

1.     Objectif général :

Réaliser le suivi – formatif des prestataires de santé dans la prise en charge et l’accompagnement des personnes souffrantes des pathologies mentales et neurologiques ;

2.     Objectif spécifiques :

Elaboration d’un calendrier précis de la formation ;

  • Organiser des consultations conjointes communes et discussions théorico-clinique des cas cliniques rencontrés dans les centres de santé ;
  • Evaluation et mise en place des stratégies sur la prescription rationnelle des médicaments en santé mentale ;
  • Organisation des échanges entre le formateur et les prestataires sur les cas plus intéressants (échanges de pratiques entre professionnels sur les pathologies mentales et neurologiques) ;
  • Visite terrain du cinéaste et visites à domicile.

IV.            Résultats attendus :

Le programme précis de la mission de formation est élaboré et validé par les différents acteurs ;

  • Des consultations conjointes sont effectués pendant la formation ; 
  • La prescription des médicaments en santé mentale a été évaluée et rationnalisée ;
  • L’échange entre le consultant et les prestataires de santé est renforcé sur les questions de pathologies mentales et neurologiques.
  • La visite de la documentariste est réalisée.
  •  
  • Méthodologie :

Dès la validation des présents TDR, la formation doit se faire en séries de consultations dans les centres de santé en deux étapes. Pour la première étape Conakry- Kindia, un rapport sera annexé à ce rapport-ci. Pour la deuxième étape Labé-Timbo-Korbè-Thianguel Bory-Timbi Madina, la méthode participative est utilisée : les agents de santé seront mandatés à diriger les consultations avec leur suppléant et ils seront assistés par les formateurs afin de mieux orienter l’interrogatoire pour un diagnostic de certitude en utilisant la méthodologie en quatre points suivante :

  • Les plaintes dites par famille sur le patient ;
  • Symptômes et signes constatés ;
  • Ce que le patient vous dit ;
  • Puis faire une analyse pour mieux comprendre le problème du patient :

Une synthèse des échanges de questions pratiques entre professionnels sur le patient, sa maladie, le diagnostic différentiel, la prise en charge et le suivi sont abordés. Enfin, des visites au domicile des malades et des guérisseurs traditionnels sont planifiées et réalisées, avec l’appui des agents communautaires de santé en impliquant d’autres acteurs sociaux.

  • Calendrier et durée de la formation :

Une formation s’est déroulée en dix (10) jours, du 29 Novembre 2018 au 08 Décembre 2018 dans Les centre de santé de TATA 1, de Thianguel Bory, de Korbè, de Timbo et de Timbi Madina. Ce calendrier de la formation a été partagé avec les participants pour amendement et validation.

  • Déroulement de l’atelier :

Dans le souci d’améliorer la qualité de prise en charge des patients et renforcer le dynamisme entre les guérisseurs traditionnels et les prestataires de santé, le facilitateur c’est mis au service des prestataires pour mieux leur faire comprendre les techniques de base de consultation des pathologies mentale.

Après avoir souhaité la bienvenue au consultant et son équipe, les rôles et les normes du travail ont été définit, suivi de la présentation de l’agenda pour mettre tous les participants au même niveau d’information.

Etape de TATA1 :

Consultation conjointe : après avoir donné quelques explications sur la méthodologie de travail, un rappel a été fait sur les précédentes formations tout en attirant leurs attentions sur le respect du schéma de consultation en quatre points.

  • Les plaintes de la famille (la famille et le patient sont présents) ;
  • Symptômes et signes du patient ;
  • Ce que le patient vous dit (le patient seul) ;
  • Puis faire une analyse pour mieux comprendre le problème du patient. 

Le premier jour, en application de cette pratique, six (6) malades ont été examinés par le personnel du centre de santé sous assistance du consultant pour mieux orienter le diagnostic, comprendre le diagnostic différentiel des pathologies mentales en posant les questions ouvertes, comment réaliser une prise en charge tout en procédant à un suivi correct de l’évolution du malade et de la maladie (le choix des médicaments, la rationalisation des prescriptions, ainsi que leur indication).

Le deuxième jour, trois (3) malades ont été revus en suivi (les malades sous traitements), pour évaluer l’évolution de la prise en charge.

Au total neuf (9) malades ont été vus en consultation et suivi. Les diagnostics évoqués étaient : psychose, dépression, épilepsie et trouble bipolaire) ;

Visite des guérisseurs traditionnels : deux (2) guérisseurs traditionnels sont visités pour renforcer la collaboration entre eux et les prestataires de santé du CSA Tata 1.

Etape de Timbo.

Activités réalisées :

Consultation conjointe : Le consultant belge (Dr. Michel DEWEZ) en compagnie du coordinateur médical régional de la moyenne Guinée a réalisé cette activité : séances de consultations conjointes et de renforcement des capacités en santé mentale de l’agent suppliant en passant par les explications des pathologies mentales. Il a privilégié la participation active du participant en tenant compte du niveau de l’apprenant et en valorisant ses connaissances. Pour ce faire, il a proposé une méthodologie détaillée de la mise en œuvre de sa mission garantissant une meilleure appropriation des techniques de consultations.

Pour l’opérationnalisation de la mission de formation (consultations conjointes) avec le personnel, les préalables ci-dessous ont été réalisés. A savoir :

L’information a été donné au chef centre de santé, à l’infirmier choisi et l’Agent Communautaire de Santé d’informer largement la communauté de l’arrivée de la mission de consultation des malades mentaux au centre de santé de Timbo. L’organisation et l’identification des cas compliqués, ainsi que les cas de rechutes sont informés et programmés par l’ACS sur les bienfondés de la mission médicale dans le centre de santé. En plus l’agent communautaire nous a donné l’opportunité de rencontrer trois (3) guérisseurs traditionnels.

La mission s’est rendue sur le terrain au centre de santé publique de Timbo de 11 heures à 16 heures pour réaliser les consultations conjointes avec l’infirmier du centre, en compagnie de l’Agent Communautaire de santé.

L’information du personnel de la méthode de consultation en se basant sur les quatre points essentiels d’une consultation de malade mental :

  1. – le récit de la famille qui est d’ordre social,
  2. – les symptômes et ou signes qui sont d’ordre médical,
  3. – le récit du patient qui est sa vérité individuelle,
  4. – le retour aux points 1 et 2 pour faire une analyse croisée entre les deux et le récit du patient afin de proposer une hypothèse diagnostique tout en étant attentif aux différentes interventions et en commençant par des questions ouvertes, 

Le deuxième jour après la présentation de la mission et de ses objectifs, le consultant a mis à profit sa présentation pour donner quelques indications sur la prise en charge. La consultation a commencé à 9 heures et elle s’est étendue sur toute la journée. Les malades programmés ont répondu à l’appelle au Centre de Santé.

En présence de l’agent suppliant accompagné par l’agent vaccinateur du centre de santé qui servait de traducteur.

Les formateurs ont privilégié la formation pratique : des consultations conjointes avec l’apprenant, suivi d’explications théoriques sur chaque cas important ; il s’agissait d’adopter une écoute active des malades (en leurs demandant de raconter leur vécu) avec beaucoup plus de patience et de respect des temps de l’interrogatoire.

Sur un ensemble de douze (12) malades programmés, seulement dix (10) malades (nouveaux cas et anciens cas suivis) ont été vus. Le reste du temps a été consacré à l’amendement et à l’explication théorique sur le diagnostic différentiel de certaines pathologies mentales et neurologique.

Une visite d’un guérisseur traditionnel à Niagara a été réalisée.

Niagara est un petit village situé à 22 kilomètre de Timbo où se trouve une famille de guérisseurs et des malades mentaux. Cette famille de guérisseurs de Niagara était déjà connue par le consultant, il trouvait nécessaire de la rencontrer pour la suite de la collaboration entre elle et les prestataires.

Arrivés dans ce petit village nous avons appris que le guérisseur en question était déjà mort depuis plusieurs années, que son fils qui lui avait succédé l’était aussi, de même que sa femme. Nous avons pris contact avec le frère cadet du guérisseur qui nous a parlé de l’histoire de cette famille de guérisseur à Niagara, il dit ceci :

« Nous sommes une famille de guérisseurs. Celui que tu as connu était mon grand frère, mais il est décédé. Son fils qui s’est procuré son héritage n’a pas pu supporter, lui aussi, et son fils (le petit fils) plus sa femme, ils sont tous mort. C’est ainsi que nous avons brûlé tout son héritage et jeté les cendres dans la rivière. Notre père avait hérité de son père, nous avons hérité de lui et mon frère, et son fils ont hérité de lui. Mais moi, je ne traite pas les fous parce que mon père me l’a interdit à la suite d’une maladie mentale qui m’a attrapée à l’enfance. Il a compris que je n’étais pas indiqué pour hériter de lui. Il m’a traité et il disait que les maladies qu’il traite se sont retournées contre moi, son fils. C’est pourquoi il m’a mis en garde de ne jamais traiter les fous, sinon je risque de le devenir. C’est pour cela que je traite beaucoup de malades mais pas kirikirimasa (épilepsie et les fous). Avant, quand notre père avait un malade sous la main, il passait la nuit dans sa case. Dans son sommeil, il voyait le médicament du malade et partait le cherche le lendemain. Et mon frère faisait la même chose ».

Le  troisième jour, nous avons également rencontré les responsables de la Direction Préfectorale de Mamou pour connaître leurs impressions sur les activités du projet de renforcement de capacité du système de santé avec la société civile au niveau du centre de santé de Timbo. Ils se sont montrés satisfaits des activités entreprises par FMG et Memisa au niveau de ce centre de santé  de Timbo comme le renforcement de capacité du personnel dans la prise en charge des malades mentaux, les activités communautaires, et entre autre la construction de la maternité et son équipement; le médecin chargé de la maladie s’est prononcé au nom de la directrice préfectorale de la santé et de tout le personnel du district sanitaire sur leur degré de satisfaction en voyant le centre de santé de Timbo présenter les cas de psychose chronique améliorés et réinsérés socialement et professionnellement, selon le MCM « notre sollicitation aujourd’hui, c’est de voir les mêmes actions au niveau de hôpital régional de Mamou qui est au moins capable d’hospitaliser. Timbo pourra à ce moment là référer ici».

Etape de Korbè. 

Le CS Korbè est un centre de santé dans le district sanitaire de Lélouma situé à 15 Km de ladite préfecture, dans la région de Labé. Il est l’un des tout nouveaux centres de santé qui viennent d’intégrer le volet santé mentale.

Activités réalisées :

Consultations conjointes : après la présentation de l’équipe de compagnonnage, les objectifs de notre présence ont été définis, ainsi que la méthodologie et les résultats attendus. Pour ce faire, trois (3) personnes ont été identifiées par le chef de centre pour suivre les consultations (le chef de centre et deux agents suppléants).

Une journée entière de consultation a été mise à profit pour discuter des cas difficiles, ainsi que de questions de diagnostic différentiel, de la prise en charge, de la rationalisation des prescriptions et du suivi des malades tout en respectant la même approche :  

  1. les plaintes de la famille (la famille et le patient),
    1. Symptômes et signes du patient ;
    1. les dits du patient sur son vécu (le patient seul) et puis
    1. faire une analyse pour mieux comprendre le problème du patient.
       

En application de cette approche, quinze (15) malades ont été vus et examinés par le personnel du centre de santé sous assistance du consultant pour mieux orienter le diagnostic, comprendre le diagnostic différentiel des pathologies mentales en posant les questions ouvertes, comment réaliser une prise en charge tout en procédant à un suivi correct de l’évolution du malade (le choix des médicaments, la rationalisation des prescriptions, ainsi que leur indication).

Le deuxième malade consulté fut un cas très intéressant pour le personnel, il s’agit d’un adulte âgé de 25ans résident à Pethel, élève de profession :

Selon la famille (la mère du patient) : « j’ai six (6) enfants. Ils ont eu tous une enfance normale, sans problème, mais celui-ci, arrivé en 12 ème année (au lycée) tout à commencer. Bien avant ça, il me disait toujours qu’il voulait être un pilote. Ainsi après le Baccalauréat, il est tombé malade à Conakry dans le quartier koloma. Cela a commencé par un abcès au pied. Après avoir traité cet abcès nous avons constaté un changement dans ses façons de faire : il criait, désobéissait, violentait les enfants… Il était devenu arrogant, indiscipliné, insolent même envers les personnes âgées. Sa famille d’accueil à Conakry m’a alerté, je suis parti le chercher pour l’envoyer dans une clinique de la place au quartier Koza. Après un traitement, il s’est remis et il a repris les cours après trois mois de retard. Pendant les évaluations il a fait une deuxième phase de la maladie. C’est à ce moment là que les voisins et sa famille d’accueil m’ont informé qu’il se droguait avec le cannabis ; ainsi j’ai décidé de l’envoyer chez les tradi-thérapeutes au Fouta pour un traitement traditionnel afin qu’il abandonne le cannabis. Maintenant qu’il est longtemps resté avec moi, j’ai compris qu’il ne fume plus. Mais il continue de parler seul. Il écrit partout des choses difficiles à déchiffrer, d’où l’objet de ma présence dans votre structure aujourd’hui » ceci en présence du patient. Selon le patient (seul sans la famille) : « Moi, j’apprécie mes comportements, mes actions, mes agissements. D’abord, c’est mon papa. Ils sont tous pareils. C’est les mêmes comportements. Mieux vaut baisser les bras dans l’éducation des enfants. Je sais qu’à un moment donné, j’ai été un peu sévère. Le papa est un polygamique. C’est les femmes qui échangent les enfants. J’étais allé en avance pour mieux comprendre à l’école. Je fumais la drogue et j’ai fini par baisser les bras (rester sans se laver, c’est aussi une vision ouverte, une pensée élargie). Je redoute tout. J’ai commencé à être celui dont qu’ils attendent quelque chose. J’entends des voix subjective et non des voix objectives. Quand je reste seul j’entends des voies étrangères, des supports réciproques. J’avais la phobie des animaux domestiques. Quand je vois un chat par exemple, j’ai l’intuition qu’il se jette sur moi. Mauvais humeur en parlant à une personne, et je ne voulais pas en parler à une personne. Tu me crois ? j’ai des étouffements dès que je suis dans ma phase d’illusion. C’est ça ».

Dans la phase de diagnostic le personnel de santé a fait une analyse croisée entre les différents points afin d’avoir une hypothèse diagnostique, et un traitement a été mise en place conforment à l’hypothèse diagnostique. Un suivi correct a été planifié par le personnel et avec l’aide de la famille du patient.

D’autres malades ont été revus en suivi (les malades sous traitements) pour évaluer l’évolution de la prise en charge. La consultation et le suivi des pathologies ont continué (psychose, dépression, épilepsie et troubles Bipolaires, névrose, les situations sociales, etc…).

Etape de Thianguel Bory

Thianguel Bory est un centre de santé du district sanitaire de Lélouma dans la région de Labé, il est l’un des nouveaux centres de santé qui assure la prise en charge pathologies mentales et neurologiques.

Activités réalisées :

Consultations conjointes : après la présentation de l’équipe de compagnonnage, les objectifs de notre présence ont été définis ainsi que la méthodologie et les résultats attendus. Deux (2) personnes ont été identifiées par le chef de centre pour suivre toutes les consultations. Il s’agissait du chef de centre de santé et deux agents suppléants.

Une journée entière de consultation a été mise en profit pour discuter des cas difficiles, de diagnostic différentiel entre certaines pathologies, de la prise en charge, la rationalisation des prescriptions et le suivi des malades, tout en respectant la même approche : les plaintes de la famille (la famille et le patient) ; Symptômes et signes du patient ; les dits du patient sur son vécu (le patient seul) et puis faire une analyse pour mieux comprendre le problème du patient 

En application de cette approche, vingt-quatre (24) malades inscrits, 21 ont fait l’objet  de consultation, de suivi, et de soutient psychosocial par le personnel du centre de santé sous assistance du consultant, pour mieux orienter les diagnostics, comprendre le diagnostic différentiel des pathologies mentales en posant les questions ouvertes, comment réaliser une prise en charge tout en procédant à un suivi correct de l’évolution du malade et de la maladie (le choix des médicaments, la rationalisation des prescriptions, ainsi que leur indication thérapeutique).

Ces consultations ont intéressé toutes les pathologies confondues de la santé mentale fréquemment rencontrées.

Etape de Télimélé.

A l’institut international de formation en santé :

Consultation conjointe : les mêmes activités de consultation ont été réalisé avec les mêmes approches dans la logique de consultation, pour un premier temps nous avons réalisés les consultations au centre de santé pédagogique d’une part en stratégie fixe avec sept (7) malades vus déjà consultés venus pour le suivi.

D’autre part en stratégie avancée et en visite à domicile. Sur cet angle cinq (5) malades et parents de malade sont consultés et accompagnés dans le traitement, après une discussion ouverte sur la simplification du dossier individuel du patient a été engagé pour l’amélioré tout en respectant le schéma d’évaluation avec la nouvelle approche. 

Au centre de santé urbaine de Télimélé :

En stratégie fixe : Les consultations conjointes. Après la présentation de l’équipe de compagnonnage,  deux prestataires de santé ont été identifiés pour accompagner la mission dans les consultations (le chef de centre, son suppliant et l’agent communautaire de santé).  Les objectifs de la mission ont été définis ainsi que la méthodologie et les résultats attendus. Une journée entière de consultation a été mise en profit pour discuter des cas difficiles de diagnostic, de diagnostic différentiel de certaines pathologies, de la prise en charge, la rationalisation des prescriptions et le suivi des malades tout en respectant la même approche.

En application de cette approche, neuf (9) malades inscrits ont fait l’objet de consultation, de suivi, et de soutien psychosocial par le personnel du centre de santé sous assistance du consultant, pour mieux orienter les diagnostics.

En stratégie avancée : un malade a été consulté, déjà vu par l’équipe du centre. Compte tenu de la non disparition de quelques symptômes, celle-ci a sollicité l’avis des autres membres et du consultant afin d’adopter les meilleurs soins ; il s’agit d’un malade qui est immobilisé depuis près de 14 ans, avec les membres inferieurs dans un bois.

Etape de Timbi Madina.

Deux malades ont été consultés avec le chef de centre en consultation conjointe et en stratégie avancée. Des discussions théorico-pratiques ont mieux éclairé les zones d’ombre, partagé les idées et les expériences du terrain tout en faisant allusion aux malades consultés.

Pour avoir une bonne hypothèse de diagnostic il faut confronter :

  • Les plaintes de la famille,
  • Symptômes et signes,
  • Ce que le patient vous dit et pourquoi il le dit.

Il reste a souligné que cette formation fait office d’échange et de partage entre le nord et le sud.

  • Les points positifs de cette formation :

La formation a été bénéfique en échanges, partage d’idées et d’expériences, approche sur le vécu des participants et leur savoir-faire.

Les consultations conjointes et les cas cliniques sont abordés pour éclairer les zones d’ombre pour les participants.

Elle a permis aux bénéficiaires de comprendre : interrogatoire, évaluation et différenciation des pathologies ainsi que leur prise en charge.   

Nous trouvons un progrès dans la tenue des outils de gestion et dans la prise en charge de certaines pathologies mentale et neurologique.

La disponibilité des agents suppléants et des agents communautaires est un atout majeur dans la mobilisation et le soutien psychosocial des patients. 

  1. Les difficultés :

Le niveau de compréhension des certains participants, qui doivent comprendre la sémiologie de ces pathologies.

Quelques participants souhaitent une mise à niveau sur les pathologies neurologiques comme l’épilepsie.

Manque de collaboration entre les prestataires et les guérisseurs traditionnels.

Mutation ou absence de certains prestataires bénéficiaires des premières formations.  

  • Recommandation :
  • Renforcer les capacités des prestataires des nouveaux centres sur la sémiologie des pathologies psychiatriques ;
  • Multiplier la formation à d’autres prestataires des de santé impliqué dans la prise en charge des patients.
  • Renforcer les échanges et la communication entre les prestataires et entre les prestataires et le facilitateur.
  • Conclusion :

La collaboration entre MEMISA, et L’ONG nationale (Fraternité Médicale Guinée) à travers l’amélioration de l’accès aux soins de santé de qualité par le renforcement a permis de développer une synergie dans le renforcement des capacités des prestataires de santé sur le volet santé mentale, pour une meilleure prise en charge des patients.

La formation a été bénéfique en terme échanges, de partage d’idées, d’expériences, d’approches sur les vécus des participants et leur savoir-faire.

Les prochaines étapes qui consistent à disséminer la formation pour les autres prestataires méritent plus d’attention et nécessitent l’engagement des personnes formées pour faire la restitution.

Au total 78 consultations conjointes ont été réalisé, 5 guérisseurs traditionnels, et plusieurs autres exemples de cas relaté en discussion.

Docteur Sangare Siaka, coordinateur FMG

Posted in FMG

Siaka Thomas Sangare

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