Rapport de formation des prestataires de santé en santé mentale mai 2018

Projet FMG – MEMISA

LABE / Guinée. Email : drsowab@fmg-ong.org

N° 3494/MIS/CAB/DNAP/95

RAPPORT DE FORMATION DES PRESTATAIRES DE SANTE EN SANTE MENTALE

                                                          Tenu du 05 au 09 Mai 2018 à TATA 1/LABE

Sommaire
Titre Pages
Synoptique de l’atelier de formation 3
Introduction 4
1.      Contexte et justification de l’atelier de formation 4
2.      Objectifs de l’atelier 5
5.1  Objectif général 5
5.2  Objectifs spécifiques 5
3.      Résultats attendus 5
4.      Méthodologie 5
5.      Calendrier 6
6.      durée de la formation 6
7.      Déroulement 6
8.    Points positifs 11
9.      Difficultés 11
10.  Recommandations et suggestions 11
11. Conclusion 11
Annexes 12
Annexes : Liste des participants, programme de l’atelier et modules de formation 12

Synoptique de l’atelier de formation

Intitulé de l’action

Projet de formation des prestataires de santé à la prise en charge des pathologies mentales et au soutien psychosocial des personnes affectées par une situation donnée.

Commanditaire

  • Organisation MEMISA
  • Organisation FMG
  • Coordination régionale moyenne Guinée.

Organisation technique

  • Fraternité Médicale Guinée (FMG)
  • Coordination régionale moyenne Guinée.

Partenaires financiers du projet

  • Organisation MEMISA/ Coopération belge.

Durée de la formation

  •  5 jours  (du 05 au 09 mai 2018)

Lieu :

  • Salle  de formation du centre de santé associatif de TATA1

Facilitateurs

  • Dr Michel DEWEZ  psychiatre, psychanalyse.

Thèmes développés

  • Connaissance générale sur la psychiatrie, les pathologies psychiatriques et leur prise en charge
  • Consultations conjointes, et  les techniques de consultation des malades ;
  • Cas cliniques (exposé, question/réponses et commentaires) ;
  • Visite de guérisseurs traditionnels.

Participants

  • Cinq (12) prestataires de santé: un (3) de TATA 1, deux (2)  de Pita, un (1) de Thianguel Bory, un (1) de Korbè, un (1) de la Direction, trois (3) de la coordination de LABE, un (1) de Timbi Madina,

L’intervention de MEMISA en Guinée avec FMG est d’améliorer l’accès aux soins de santé de qualité par le renforcement d’un partenariat avec la société civile locale et des structures de santé intégrées au système de santé. Dans cette époque post-Ebola, l’accent est mis sur le renforcement du système de santé local.

L’intervention est construite autour de trois axes opérationnels de développement :

La promotion de la bonne gouvernance, l’amélioration de l’offre et l’appui à la demande.

Dans le cadre de l’amélioration de l’offre basé sur le renforcement des capacités du personnel de santé par des échanges et stages pratiques, en collaboration avec les différents acteurs qui apportent des expertises, un atelier de formation en santé mentale a été initié et organisé dans le but d’échange entre les prestataires de santé des centres de santé appuyés par le projet, et d’ amélioration de la qualité de la prise en charge des malades en général et en particulier des malades mentaux.

  1. Contexte et justification de l’atelier de formation

Dans le cadre de l’évaluation de la prise en charge, le suivi formatif du personnel des nouveaux centres de santé, la mise à niveau et l’accompagnement du personnel des anciens centres de santé partenaires, les partenaires du projet de renforcement d’un partenaire de la société civile locale et des structures de santé FMG en collaboration avec l’ONG Belge MEMISA ont organisé une mission de formation et de partage d’idée et d’expériences sur les questions de santé mentale pour une période de cinq (5) jours.

L’atelier de formation vise et envisage couvrir à la fois les anciens centres : FMG (Labé), le Centre Médical Associatif de Timbi Madina et les nouveaux centres de santé dans les Préfectures de Télimelé, et de Pita (en effet le personnel du CSU de Pita centre, malgré sa prise en charge ancienne, est tout nouvellement formé : en février 2018), soit un total de cinq (5) centres de santé partenaires du projet (FMG – MEMISA).

En effet, au stade actuel et après les constats de la première mission de formation (de novembre / décembre 2017), la « formation » est à repenser avec eux sur de nouvelles bases. Il s’agit de faire travailler les anciens avec les nouveaux pour les sortir de leur isolement, leur éviter d’instaurer entre eux une hiérarchie des savoirs (et donc des pouvoirs), de créer une dynamique de travail au sein du groupe où les nouveaux pourraient exposer leurs questions sans crainte d’être disqualifiés et trouveraient auprès des anciens de futurs interlocuteurs, et les anciens de plus jeunes à appuyer (ce qui les obligerait à maîtriser leur sujet et ne pas rester seuls avec leur pratique).

La solidarité créée pourrait se poursuivre après cette mission de formation (réunion mensuelle de l’ensemble de l’équipe santé mentale dans chaque centre ? Création d’un forum sécurisé de discussion clinique sur internet)

Ce forum permettrait aux facilitateurs de poursuivre le dialogue entre eux et les prestataires de santé. Ils n’auront pas à disperser leurs efforts (en déplacement et répétition) mais à se concentrer sur la création d’une équipe de Santé Mentale composée d’anciens et de nouveaux qui travailleront ensemble pour les meilleurs profits des populations.

 

1.     Objectif général :

Réaliser le suivi – formatif et l’évaluation de la prise en charge des pathologies mentales et neurologiques pour les nouveaux centres et un accompagnement des anciens centres de santé ;

2.     Objectif spécifiques :

Elaboration d’un calendrier précis de réalisation de la formation ;

  • Organisation des consultations conjointes communes et discussions théorico-cliniques des cas cliniques rencontrés dans les cinq (5) centres de santé ;
  • Evaluation et mise en place des stratégies sur la prescription rationnelle des médicaments en santé mentale ;
  • Organisation des échanges sur des exposés préparés par chacun des participants et présentés à l’ensemble du groupe (échanges de pratiques entre professionnels sur les Pathologies mentales et neurologiques) ;
  • Le renforcement du système de communication entre les prestataires de santé.

 III.            Résultats attendus :

Le programme précis de la mission de formation est élaboré et validé par les différents acteurs ;

  • Des consultations conjointes sont effectués pendant la formation et le niveau des prestataires est évalué pour enfin tirer une conclusion ; 
  • La prescription des médicaments en santé mentale a été évaluée et rationnalisée ;
  • Un (1) atelier regroupant anciens et nouveaux prestataires est organisé à Labé (2 cas cliniques et un (1) exposé sont présentés par chaque centre) ;
  • l’échange entre les prestataires sur les questions de pathologies mentales a été mise en place et fonctionnelle.
  1. Méthodologie :

Dès la validation des présents TDR, envoi des textes psychiatriques et proposition d’un modèle de fiche pour la présentation de cas cliniques en santé mentale par Dr DEWEZ.

Ainsi suivant l’engagement actif de chacun des prestataires et de leur souhait de lire, de réfléchir et de débattre des textes de psychiatrie, d’écrire et d’exposer au groupe quelques lignes qui seront soumises à discussion, Dr DEWEZ va aider à l’identification des participant ;

Dès l’arrivée du missionnaire à Conakry, une rencontre technique avec l’équipe santé mentale de Fraternité Médicale Guinée sera organisée pour ficeler le calendrier de travail, définir et valider la démarche et les approches de formation. Ensuite des missions de terrain seront réalisées au niveau des cinq centres de santé pour effectuer avec les prestataires des consultations communes et des discussions théorico-cliniques.

L’atelier des exposés pour des échanges de pratiques entre professionnels sur les pathologies mentales et neurologiques sera organisé à Labé regroupant les anciens et nouveaux.

A la fin de l’atelier les participants avec l’appui des facilitateurs mettront en place la plateforme d’échange des acteurs impliqués en santé mentale.

  • Calendrier et  durée de la formation :

L’atelier  s’est déroulé en cinq (5) jours, du 05 au 09 Mai 2018 dans la salle de formation du centre de santé associatif de TATA 1. Le 10 mai 2018 a été consacré aux visites chez les guérisseurs traditionnels. Le calendrier de la formation a été partagé aux participants pour amendement et sa validation.

  • Déroulement de l’atelier :

Après avoir souhaité la bienvenue aux participants, la physionomie de la salle a été faite par des  présentations individuelles de tous les participants. Les normes du travail ont été décidées. Les activités de la première journée ont commencé par l’accueil et l’installation des participants, la présentation de la physionomie de la salle et la présentation du facilitateur.

Quelques normes de travail ont été définies (extinction des téléphones portables, fermeture des portes, etc), suivi de la présentation de l’agenda pour mettre tous les participants au même niveau d’information,    

Le facilitateur a utilisé la méthode participative basée sur le brainstorming, l’exposé sur les pathologies psychiatriques, leurs diagnostics différentiels, des témoignages, les cas cliniques et les consultations conjointes, puis une synthèse de chaque cas abordé.

La formation a commencé par les mots de bien venue aux participants.

Cette formation fait partie de l’un des objectifs du projet FMG/MEMISA, à savoir le renforcement du système de santé en passant par la société civile à travers le renforcement de capacité du personnel de santé,

Il  reste à souligner que cette formation fait office d’un échange entre le nord et le sud, de partage d’idée et d’expérience issues du terrain.

Après une brève présentation, le facilitateur s’est adressé aux participants pour leur parler un peu de sa longue expérience professionnelle dans la prise en charge des malades mentaux, en signifiant que « c’est en écoutant les malade mentaux que nous pourrons comprendre leur quotidien et ce qu’ils vivent afin de mieux expliquer leur maladie » : ce que dit le patient, ce qu’il ressent, et  pourquoi il le dit ; puis prendre le temps de les écouter.

Pour avoir une bonne hypothèse de diagnostique il faut faire référence :

  • Les plaintes de la famille
  • Symptômes et signes
  • Ce que le patient vous dit et pourquoi il le dit

Une première malade est reçue en consultation conjointe,

A l’interrogatoire du patient :

Selon la patiente: je ne dors pas du tout. Si je prends les médicaments, je dors. Je sais que c’est le diable qui me suit. J’ai commencé à sortir sur la route, à crier. Je dis souvent le mot zéro. Au paravent, je travaillais bien. J’ai deux enfants. Mon mari est parti et il m’a abandonnée et j’ai divorcé avec lui. Je suis restée en Guinée. Ici, j’ai pas de problème avec tout ça. Je vis bien, ma fille se trouve à Dakar et elle me demande de partir la rejoindre. Tout a commencé quand je vivais avec mon mari au Gabon. Ensuite, nous sommes venus à Dakar. Rien ne marchait bien entre nous et j’étais  enceinte. J’ai divorcée avec lui, je suis revenu en Guinée, j’ai commencée à ne pas dormir bien. Au Gabon, j’avais les sensations de peur, je me demandais ce qui n’allait pas, et je suis revenue malade.   

Après des commentaires faits à ce sujet par les participants, un autre patient a été introduit et interrogé :

Selon le patient : je ne dors pas, je passe toute la nuit sans fermer mes yeux et la journée sans dormir. Tout a commencé quand j’étais à Dakar. J’ai  commencé à avoir une insomnie partielle, puis une insomnie totale. J’étais gambiste (échangeur d’argent) je me suis marié à une deuxième femme. La première femme était ici en Guinée et quand j’ai commencé à travailler, j’ai demandé à la première de venir me rejoindre à Dakar sous la contrainte de mes parents parce que avant, ça n’allait pas entre nous. Quand elle est revenue finalement, elle avait trop de problèmes, on se disputait à tout moment, elle ne préparait pas, elle voulait que les autres préparent pour elle. J’ai compris que les choses commencent à changer négativement avec les deux femmes. Depuis 1979 je suis parti au Sénégal, je suis tombé malade en 2014 et j’ai commencé le traitement à Pita puis j’ai appris qu’il y a ce centre de santé ici à TATA 1. Finalement, j’ai continué le traitement ici. Soudain j’ai demandé à ma femme de me rejoindre en Guinée, mais vraiment je ne dors pas. Question : Si c’était toi le docteur, comment pourrait-tu expliquer ta maladie ? Réponse : je ne dors pas du tout, nuit et jour, je suis passé chez les guérisseurs traditionnels, je vendais du pain mais comme je ne dors pas, j’ai arrêté le travail là aussi.  

Après la pause déjeuner, un cas clinique vu par l’équipe de Thianguel Bory a  été présenté, suivi d’une consultation conjointe. Le facilitateur a rappelé encore une fois l’importance d’écouter les malades qui savent ce qu’ils vivent.

Sur le plan psychiatrique, une profonde explication a été donnée sur les psychoses chroniques (les différentes formes, le diagnostic différentiel, et leur prise en charge).

Après une longue intervention des participants, des commentaires, des questions, et des exemples sur les cas rencontrés dans leur pratique quotidienne, le facilitateur a cité quelque forme psychose chronique, à savoir la schizophrénie, les psychoses délirante chronique (paranoïa, paraphrénie, et psychoses hallucinatoire ) et la mélancolie.

La deuxième journée  a été marquée par une première consultation conjointe, d’un jeune homme de 30 ans résidant TATA 1 accompagné par son père franco-guinéen,

Récit de son papa : « il est malade mais pas trop malade parce que pour le moment il n’entraine pas de trouble à l’ordre, il n’insulte pas, il ne fait plus de bagarre, quand on a les médicaments. Pour le moment nous avons les médicaments, mais des  fois, si nous n’avions pas de médicament pour lui donner, il se comporte comme un animal, c’est pourquoi on l’enchaine pour le tranquilliser». Récit du patient : « En parlant on ne fait pas le malin, si quelqu’un n’étudie pas il ne fait que des choses informelles et il tombe malade, dans les maladies diaboliques on ne fait pas le malin, avec les nerfs, en tant qu’être humain on ne fait pas de malin. Je suis un carreleur d’État, je suis un grand père, je commande la lourde armée, je sauve les armes lourdes. Le diable mange mes yeux. Un être humain qui est fou et ne parle pas, pour m’aider, c’est de me libérer. Si vous me donnez les médicaments, je vais prendre ».

Après la pause déjeuné, un second patient de 38 ans enseignant de profession résidant à Labé,

Selon son frère : « En 1998, il est tombé malade, avec beaucoup de troubles, des propos incohérents, agressivité. On lui a traité à l’indigénat. Après deux mois, il s’est très bien amélioré et il a repris les l’étude. Il était étudiant à cette époque puis après les études, la maladie a recommencé et là aussi, il a fait 2 mois de maladie, mais à chaque fois il fait cette maladie avec des troubles. Un premier épisode en 1998 et cela  pendant  2 mois ;Un deuxième épisode en 2006 a duré 2 mois 2 semaines ;Un troisième épisode en 2010  a duré 2 mois ;Un quatrième épisode en 2012  a duré 2mois 3 semaines ;Un cinquième épisode en 2014   durée 2 mois ;Un sixième épisode en 2018. Pour le moment, il a fait 1 mois 4 jours. Nous ne savons pas encore quand est-ce que la  crise va  s’arrêter, mais à chaque fois nous sommes obligés de l’enchainer pour éviter les agressions ». Selon le patient : « je suis un prisonnier de  l’ancienne armée. Je suis le plus grand, je me dis que je suis fou comme aime le dire mon frère. Est-ce que quelqu’un qui est fou peut raisonner ? Moi, j’ai deux diables : Bagara, et lourou. Ils sont mes diables. Bagara est la femme de lourou. Je me suis vu avec le prophète dans le rêve et il m’a dit : « tu vas devenir le chef du monde ». Je vais implanter l’islam dans le monde. Les cafres vont mourir et ça sera la troisième guerre du monde en 2030 et Allah  va m’accorder le paradis. Je suis un léopard, j’ai trois esprits : l’esprit angélique, diabolique et humain. Il y aura trois rangées  de diables, une demi-rangée d’humains et sept rangées d’anges. Ca, c’est une idée diabolique. Les diables sont des mécréants. Je suis le génie de la terre. Je suis le descendant de Thierno Ousmane Djenbabéré, et lui a maudit celui qui va prendre ses livres. J’ai rêvé sur lui. Je suis parti dans sa tombe et on a parlé de l’ange Gabriel. Il a dit à l’ange Gabriel : «  viens chez moi, je suis sanguinaire ». Moi aussi, j’ai dit la même chose : «  je suis sanguinaire ». Ma femme m’a quitté et mes enfants. Mon frère a chassé ma femme et il a oublié que je suis un Tidiania. La CIA,  je vais les exterminer, c’est extrêmement dangereux. Je vais égorger mon frère parce qu’il refuse d’être imam dans notre mosquée. Je vais me marier à 99 femmes. Je vais leur montrer que je suis l’héritier absolu. Ma marâtre partait faire des maraboutages chez les karamoko, mais sans issue. Je lui pardonne ».           

Le facilitateur a expliqué l’évolution des différentes formes de psychose, leur évolution dans le temps : une maladie évoluant vers une aggravation, stable et le malade périodique.

Le 07 Mai 2018 a aussi été une journée pleine, trois cas de consultation conjointe.

Le 8 Mai 2018  trois autres cas de consultation conjointe ont pris toute la journée.

La troisième consultation conjointe a concerné un homme de 33 ans résidant à Labé.

Selon sa mère : « Pour la première fois, sa crise a commencé à la prière. Il criait à la mosquée. Et bien avant ça, j’ai constaté qu’il priait beaucoup. Il continuait à agresser les gents. Nous l’avions traité à l’indigénat sans suite favorable, puis nous sommes arrivés  au centre de santé de TATA 1, et il a refusé de prendre les médicaments. Nous l’avions amené au centre de santé urbaine de PITA afin de le traiter».   Selon le patient : « j’étais en Côte d’Ivoire, j’ai fait un songe. J’ai entendu la voix de ma mère en disant : « Viens ici en Guinée » et je suis venu. Je suis resté avec elle ici en Guinée. Puis ma femme est tombée enceinte. Le jour du baptême de mon enfant, j’ai compris que quelque chose ne va pas. Depuis lors, je ne me retrouve plus. Je fais des rêves que je ne comprends pas, que je n’arrive pas à expliquer. Je la porte pas confiance, je ne me contrôle plus, j’ai mal à la tête. Je trouve la paix quand je prie. J’entends des voix en poular. Un jour j’étais à la mosquée et je priais et quelque chose m’a dit que je suis l’Imam et de dire à Salam moiléyko : « je connais la famille de Karamoko Alpha ». Ce que les gens font, c’est anormal. Ils veulent prendre le don de Dieu. Depuis que j’étais enfant, très petit, on me pourchassait dans mes rêves, et celui qui me pourchasse ne pourra rien faire. Maintenant quand je prie, je fais des invocations et je récite des versets, je ne comprends pas ce qui m’arrive. Souvent, je vois des choses bizarres et j’ai trop forcé la situation pour les comprendre. Vous pouvez m’aider en priant avec moi. Je suis innocent, je vois des moutons, des chats. Il y a quelque chose qui me suit. Je ne dors pas bien. C’est fini ».          

Après plusieurs commentaires sur les psychoses hallucinatoires, nous avons abordé le point de la toxicomanie, les drogues et leurs formes. Une question a soulevée beaucoup de discussion : « Est-ce que la drogue rend fou ? »

Le sujet du placebo a été un long débat entre les prestataires, qui s’est beaucoup concentré sur la prescription des BECOBO.

La dernière journée a été concernée à l’exposition d’un cas clinique décrit par l’équipe de Thianguel Bory et deux consultations conjointes, une qui a concerné des jumelles.

Il s’agit de deux jeunes dames, âgées de 19 ans résidant à Dakar, en provenance de Labé.

Récit de leur grande sœur : « elles réfléchissent sur des choses passées. Depuis qu’elle a eu un bébé, elle dit souvent qu’elle a envie d’étrangler son enfant et de le tuer. Finalement, elle court pour partir en brousse. C’est ces changements de comportements que nous avons constaté sur elle ».  Récit de la première : « Mon esprit n’est pas tranquille parce que je réfléchi très mal. Je ne me concentre pas sur des choses actuelles. Souvent les choses du passé me reviennent en tête depuis que j’étais enfant. Maintenant je ne fais que courir. J’ai eu des choses drôles. J’ai envie de tuer mon enfant. Je ne sais pas comment cela m’arrive. C’est des choses qui ne sont pas normales. Pour la petite histoire, je vivais avec mon mari au Sénégal. J’étais enceinte. J’ai fait quatre jours dans la douleur abdominale avant  d’accoucher, c’est là que tout à commencer. Au moment de l’accouchement,  j’ai senti une forte pression comme si j’ai perdu toutes mes facultés de contrôle. Soudain après l’accouchement j’ai appelé ma belle-sœur d’un autre nom. Pourtant, je la connais très bien, et je connaissais très bien son nom. C’est elle qui m’a accompagnée à l’hôpital. Pourquoi je me trompe d’un seul coup sur son mon ? Cela est inhabituel chez moi. J’ai compris que quelque chose n’allait pas bien, j’étais plus moi-même. Je suis restée comme si j’étais dans un rêve permanant. Quand je mange, je ne sentais rien c’est comme si c’est pas moi qui mangeais, j’étais pas moi-même. je n’aime pas rester dans la maison seule. ? Les voix des autres deviennent très rauques  et j’ai peur. Quand je me suis mariée, ma sœur jumelle était restée seule et elle me demandait comment elle va faire pour qu’elle se marie aussi. Je lui disais toujours de prendre le courage, ce moment arriverai un jour,  mais j’ai vite compris qu’elle se faisait trop de soucis et elle voulait toujours venir rester avec moi. Pendant un certain temps, j’ai compris que ma sœur jumelle commençait à ressentir les mêmes choses que moi. Je sais que notre séparation a été très difficile. Nous avons longtemps pleuré cette séparation. » Récit de la seconde : « Je ne sais pas, j’ai mal partout, je me plaints souvent de douleurs abdominales. Je suis venue accompagner celle-là. Je ne sais pas ce qui ne va pas. Elle m’a dit de l’accompagner à l’hôpital »
  • Les points positifs de cette formation :

La formation a été bénéfique en échanges et partage d’idées, d’expériences, d’approches sur le vécu des participants et leur savoir-faire.

Les consultations conjointes, les cas cliniques, les commentaires et les argumentations ont fait l’objet l’exposés et d’éclaircissement des zones d’ombre pour les participants.  

La formation a permis de créer un lien entre les participants (anciens et nouveaux)

La formation a permis aux participants d’apprécier leur pratique et de partir sur de nouvelles bases à savoir : écouter beaucoup le malade pour faciliter la prise en charge du patient, dans les meilleurs délais.

Le facilitateur s’est fait un devoir de donner tous les détails possibles sur les différents diagnostics et leur prise en charge, et les participants ont été attentifs, durant toute la formation.

  • Les difficultés:

Différence de niveau des participants. A signaler que le rythme était trop rapide pour les nouveaux qui doivent comprendre la sémiologie de ces pathologies.

Les difficultés rencontrées sur le remplissage des outils ont été à tous les niveaux (dossier des patients).

Quelques participants souhaitent une mise à niveau des pathologies neurologiques comme l’épilepsie.

  1. Recommandation :
  • Renforcer les capacités des prestataires des nouveaux centres sur la sémiologie des pathologies psychiatriques ;
  • Multiplier la formation à d’autres prestataires de santé impliqués dans la prise en charge des patients.
  • Renforcer les échanges et la communication entre les prestataires et entre les prestataires et le facilitateur.
  • Conclusion :

La collaboration entre MEMISA, et L’ONG nationale (Fraternité Médicale Guinée) à travers l’amélioration de l’accès aux soins de santé de qualité par le renforcement, a permis de développer une synergie dans le renforcement des capacités des prestataires de santé sur le volet santé mentale, pour une meilleur prise en charge des patients. La formation a été bénéfique en termes échanges, partage d’idées, d’expériences, d’approches sur les vécus des participants et leur savoir-faire.

 Les prochaines étapes qui consistent à disséminer la formation pour les autres prestataires méritent plus d’attention et nécessitent l’engagement des personnes formées pour faire la restitution,   

Au total quinze consultations conjointes ont été réalisées, trois cas cliniques, et plusieurs autres exemples de cas rencontrés au cours de cette formation.

Annexes :

Liste des participants de l’atelier de formation des prestataires en santé mentale

NOM ET PRENOMS Provenance Profil Organisation Téléphone E-mail
ATELIER DE KINDIA
Facilitateurs
1 Dr Michel DEWEZ BELGIQUE Psychiatre  MEMISA 625115366 drdewezmichel@gmail.com
Participants
2 Dr SANGARE Siaka LABE Médecin Coordination/FMG 622612 710 ssiakathomas@gmail.com
3 Dr SOW Abdoulaye CONAKRY Médecin Direction FMG 628707894 drsowab@msn@gmail.com
4 Dr BALDE Mamadou Korka LABE Médecin CSA TATA 1 622551710 mkorkafmg@gmail.com
5 BAH Alpha Oumar LABE Médecin CSA TATA 1 628059548  
6 Mr BAH Amadou Sara PITA Médecin CSU PITA 622064406  
7 BAH Aly Héro PITA Infirmière CSU PITA 628005826  
8 Dr BANGOURA Faba Abraham Thianguel Bory/LELOUMA Médecin CS Public Thianguel Bory 622 462632 fabrahambangus@gmail.com
9 Dr BARRY Aboulaye CMA Timbi Madina/PITA Médecin CMA Timbi-Madina 622094310 abdoulayebarry66yahoo.fr
10 Dr BARRY Bapaté Coordination /LABE Médecin Coordinateur/Santé Sud 622451272 Bapatbarry87@gmail.com
11 Mr Bangoura   Infirmier CS U    
12 Mlle Kesso BARRY LABE AC CSA TATA 1    
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Siaka Thomas Sangare

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