Procès-Verbal de l’Assemblée Générale ordinaire annuelle
Le 18 Septembre 2021, s’est tenue l’Assemblée Générale ordinaire annuelle de l’Association Sa.M.O.A. à « L’Équipe » au 60, rue de Veeweyde 1070, Bruxelles.
Étaient présents sur place:
- Madame le Docteur Marie Hamonet-Dewez, membre fondatrice, trésorière.
- Madame Anne Malfait, membre.
- Madame le Docteur Hilde Buttiëns, membre.
- Madame Marie-Christine Bokene Botshila,
- Madame Elodie Pujol, membre.
- Madame le Docteur Mathilde Hamonet, membre, secrétaire.
- Monsieur Eric Tys, membre.
- Monsieur le Docteur Michel Dewez, membre fondateur, président.
- Monsieur le Docteur Christian Fierens, membre.
- Monsieur le Docteur Philippe Hennaux, membre.
Etaient présents par Zoom:
- Madame Marie-Emeritha Asangwe, membre.
- Madame Marta Gonzalez, membre.
- Monsieur le Docteur Abdoulaye Sow, membre fondateur, vice-président.
- Monsieur Pierre-Vincent Szekely, membre.
- Monsieur le Professeur Claude Hamonet, membre.
- Monsieur le Docteur Siaka Sangare, membre.
S’étaient excusés :
- Madame Mariette Feltin, membre.
- Madame France Hamonet, membre.
- Monsieur le Docteur Daniel Grodos, membre.
- Monsieur Bart Criel, membre.
- Monsieur Alain Rosenberg, membre.
- Monsieur Eric Messens, membre.
Nous faisons un point sur la situation politique actuelle en Guinée car un coup d’État a eu lieu le 5 septembre 2021. Dr Abdoulaye Sow nous informe notamment que ce coup d’État a été bien accueilli par la population.
Bilan moral de l’année 2020-2021
Plusieurs événements importants ont eu lieu cette année pour l’association.
- Dr Abdoulaye Sow a soutenu le 8 Septembre 2021 sa thèse de santé publique dont le titre est : « L’intégration des soins en santé mentale dans les centres de santé permet-elle d’améliorer la qualité globale des soins de première ligne ? » sous la direction de la Professeur Myriam De Spiegelaere (ULB), du Professeur Mamadou Pathé Diallo (Université Gamal Abdel Nasser, Conakry) et du Professeur Bart Criel (IMT Anvers). Cette thèse, qui s’appuie entre autres sur les résultats du projet Sa.M.O.A.(2000 – 2003), montre notamment que lorsque dans un centre de santé les soignants s’occupent de malades mentaux, la qualité des soins de médecine générale s’améliore. Les soins sont alors de meilleure qualité avec notamment un meilleur accueil des patients.
- Pierre-Vincent Szekely a soutenu son mémoire de master de psychologie « Comment soigner les patients « ensorcelés » en consultation de psychiatrie ? Une recherche exploratoire, empirique et clinique » dirigé par les Pr S. Hendrick et Jean-Luc Brackelaire. Ce travail a été nourri par l’expérience Sa.M.O.A. de ces dernières années.
- Le film réalisé par Mariette Feltin https://vimeo.com/manage/videos/529274240 n’a pu être diffusé au public au vu du contexte sanitaire. Pourtant, il était question qu’il soit présenté à l’Université de Louvain et de Mons ainsi qu’à la 13e édition du festival Rencontres Images Mentales 2021 à Bruxelles. Nous allons essayer de le diffuser dans les mois à venir. Pierre-Vincent Szekely propose de diffuser le film à UCL et à Mons dans les mois qui viennent. Ce film permet de sensibiliser et d’expliquer le travail réalisé lors des missions Sa.M.O.A. afin de recruter de nouveaux membres dans l’association.
- Depuis la création du site internet Sa.M.O.A. en octobre 2019, http://www.samoa-afrique.eu/ , celui-ci a reçu plus de 3.400 visiteurs et plus de 20.000 pages ont été lues.
- Dr Hilde Buttiëns, qui travaille chez Memisa, a accepté de faire partie de l’association Sa.M.O.A.
- Une mission en Guinée a eu lieu du 14 juin au 3 juillet 2021. Dr Michel Dewez a notamment pu rencontrer les collègues de FMG et de Memisa. Les membres de l’association ont reçu avec l’invitation à l’AG le compte rendu de cette mission.
Pour rappel : en 2015, la Belgique a inscrit la Guinée dans la liste des pays susceptibles de recevoir de l’aide dans le cadre de sa coopération internationale. Plus précisément, dans le programme FMG-Mémisa, Michel Dewez a été sollicité et s’y est rendu 6 fois depuis 2017. En 2019-2020, les missions ont été arrêtées à cause des troubles liés au 3e mandat d’Alpha Condé ainsi que par l’épidémie du COVID-19 qui a suspendu tous les vols et les activités.
Aujourd’hui, ce ne sera plus Michel Dewez qui sera sollicité par les associations Memisa et FMG mais c’est l’association Sa.M.O.A.
Concernant les missions en Guinée, la répartition des tâches se fera comme suit :
- Le partenaire locale (FMG)
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- Écrire les TDR (Termes De Référence des missions).
- Assurer l’appui logistique localement (assurer le transport, réserver les hôtels, etc).
- Memisa
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- Organiser le voyage international : visa, réservation des billets, perdiem selon les procédures Memisa Belgique.
- M.O.A.
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- Mettre à dispositions les experts pour réaliser les missions.
- Envoyer un rapport après chaque mission.
- Rédiger un document cadre pour la prise en charge des malades mentaux (le « vade-mecum Sa.M.O.A. »).
- Assurer l’accompagnement à distance par les experts.
Projet de convention avec Memisa (2022-2026) :
- Une 1ère proposition a été faite par Dr Abdoulaye Sow qui consiste à élargir l’action de Sa.M.O.A. à 5 nouveau lieux de soins en Guinée Maritime (4 centres de santé et un hôpital de district). Actuellement, le projet FMG-Mémisa travaille sur 10 lieux de soins qui vont de Conakry vers le nord-ouest : Conakry (CSA Hafia-minière), Kindia (CSA Moriady), Pita (CS Timbi Madina et CS urbain), Labé (CSA Tata 1), Mamou (CS Timbo), Lélouma (Thianguel-Bori et Korbè), Télimélé (CSU et CSP-IIFS). La prochaine mission en 2022 sera l’occasion d’aller sur ces sites.
- Une 2e initiative concerne le Ce.Fo.R. (Centre de Formation, de Référence et de Recherche). Actuellement, les soignants Sa.M.O.A. envoyés en missions vont de centre en centre, y passant une ou deux journées avec les soignants locaux. Le Ce.Fo.R. serait en fait un dispensaire de médecine générale ayant une activité de prise en charge des malades mentaux et ferait office d’ « école d’application ». Les soignants Guinéens intéressés pour se former aux soins psychiatriques viendraient sur place pour travailler avec les soignants de Sa.M.O.A. en mission. Pour le moment, personne n’a marqué d’intérêt de financer ce projet. Le Dr Sow propose de réfléchir dès à présent au site d’implantation du Ce.Fo.R.
- La 3e proposition est une demande de Memisa de rédiger un « Vade-Mecum », c’est-à-dire un document qui permettrait d’harmoniser la pratique des différents soignants dans différents centres de soins en Guinée. Cette initiative part du constat qu’on ne peut pas travailler en Guinée avec des manuels issus de notre clinique occidentale, adaptés au contexte économico-politique de nos pays. Il faut produire ce nouvel outil de travail pour pouvoir soigner les maladies mentales en Guinée
Témoignage de Marie-Emeritha Asangwe
Le ministère de la santé a permis que des membres de la diaspora Rwandaise de Belgique aident au Rwanda. En tant qu’infirmière en psychiatrie, Marie-Emeritha a proposé ses services en santé mentale. Elle a pu travailler dans un hôpital communal.
Ce qui l’a marqué c’est la vitesse avec laquelle les soignants devaient consulter : 20 minutes au bout desquelles il devaient rendre un diagnostic et prescrire un traitement (pas de médecins dans ce centre, que des soignants paramédicaux). Sa mission consistait notamment à réorganiser le fonctionnement des soins. En tant que soignante Belge, elle a eu l’impression d’être reçue comme le « sachant ». Elle a remarqué que tout l’aspect culturel était ignoré et que la médecine occidentale était considérée comme unique. Pourtant tous les patients avaient consulté un guérisseur traditionnel avant de venir dans ce centre. Les soignants du centre prenait une posture « éducative » à ce niveau là, mais conseillaient paradoxalement aux patients, en plus de prendre leur traitement, de prier. Marie-Emeritha se demande si sa présence a pu renforcer ces soignants dans cette posture « éducative ».
Marie-Emeritha Asangwe demandera par la suite si Sa.M.O.A. est d’accord pour collaborer avec le Rwanda. Personne dans l’association n’a d’objection à cette initiative. Dr Abdoulaye Sow et Dr Michel Dewez pensent que ce projet pourrait être bénéfique. Dr Abdoulaye Sow rajoute qu’il était également prévu que Sa.M.O.A. s’étende à la RDC mais que pour l’instant le projet est reporté.
Discussion à propos du témoignage de Marie-Emeritha Asangwe, Vade-Mecum et mhGAP.
Anne Malfait qui travaille depuis de nombreuses années en Afrique, souligne que lorsqu’on vient en tant qu’occidental dans ces pays, on est pris dans le discours colonial qui ne fait pas lien social : il délie plutôt qu’il lie. Les africains idéalisent le rapport au savoir de la science qui est sensé venir de l’ex-colonie. Pour sa part, elle a toujours travaillé conjointement avec des homologues africains afin de ne pas disqualifier les savoirs locaux.
Dr Hilde Buttiëns remarque que les prestataires de soins ont peur de prendre des responsabilités et donc des risques s’ils ne suivent pas les protocoles. Ils auraient ainsi besoin d’un protocole robuste sur lequel ils peuvent s’appuyer.
Pour Dr Michel Dewez, en Guinée la population et les soignants ont une approche « préfreudienne » dans le sens où ils considèrent que la parole du fou n’a pas de sens et qu’il n’y a donc pas d’intérêt à l’écouter. Selon lui, le schéma 1234 de l’entretien permet d’entendre plusieurs types de discours (celui de la famille, du patient et du sachant) et ainsi de modifier l’approche du savoir. D’autre part, ce que Sa.M.O.A. a apporté en Guinée c’est la notion de consultation conjointe par un/des soignants guinéens et un/des soignants belges. Les premiers traduisent les entretiens et s’ouvrent à la psychiatrie et les second aux particularités du travail en Guinée.
Pour le Dr Christian Fierens, lors de son expérience au Rwanda, Marie-Emeritha semble être la représentante du discours psychiatrique considéré comme scientifique. Or si la médecine se base sur la science, l’approche de la psychiatrie est plus large. C’est une supercherie que de présenter le discours psychiatrique comme scientifique. Il pense qu’il faut que les soignants Guinéens utilisent le schéma 1234 de l’entretien ou le Vade-Mecum mais puissent aussi le remettre en question.
Michel Dewez lui répond qu’il lui semble nécessaire de protocoliser une méthode de travail pour que le dispositif Sa.M.O.A. soit le plus efficace et transmissible possible mais sans être rigide pour autant.
Anne Malfait a eu l’idée de demander à des psychiatres du Burundi et du Congo de ses connaissances s’ils utilisaient le mhGAP. Le 1er psychiatre a répondu qu’il allait faire un groupe de travail pour répondre à cette question. Le 2e trouvait que c’était un outil insuffisant car il nécessitait une formation par des psychiatres cliniciens.
Hilde Buttiëns est d’accord sur le fait qu’il faut savoir présenter le mhGAP. Pour ce faire, elle propose de contacter Jaak Le Roy de l’association Be-cause Health. M. Jaak Le Roy est notamment président du groupe de travail sur la santé mentale et formateur du mhGAP au Burundi. Ce groupe de travail vise à échanger lors de communauté de pratiques avec des soignants de différents pays d’Afrique. Anne Malfait propose de contacter M. Jaak Le Roy.
Dans le mhGAP, l’approche se fait selon un arbre décisionnel : c’est la méthode qui est utilisée dans les autres spécialité médicales mais en psychiatrie, cela ne marche pas. Cet outil est donc difficilement utilisable. De plus, le mhGAP ne fait pas la différence, par exemple, entre les psychoses chroniques et aigues. Or d’après l’étude de Sartorius : plus un pays est pauvre mieux les psychoses se résolvent. Ainsi, plus un pays est pauvre plus on rencontre des psychoses aigues qui se traitent alors que dans les pays occidentaux on retrouve moins de psychoses aigues et plus de psychoses chroniques.
Création du poste de chargée de missions de partenariat et de financement
Elodie Pujol travaille depuis plusieurs mois à ce poste pour l’association et nous fait un bilan de son travail. Elle est à la recherche de membres de l’association souhaitant l’aider. Dr Marie Hamonet, Anne Malfait et Martine Gennotte se portent volontaires.
Memisa a fait une demande de subside à la Direction générale au Développement (DGD) pour aider FMG via Sa.M.O.A. au niveau logistique lors des futures missions.
Il est à noter que l’association Sa.M.O.A. pourrait être reconnue d’utilité publique (ARUP) si et seulement si :
– Elle a trois ans d’existence. (Création en juillet 2019).
– Elle compte 200 membres. ( Nous sommes actuellement 32 membres mais beaucoup n’ont pas payé leur cotisation et ne peuvent être comptabilisés).
– Elle détient 46.000 Euros de ressources annuelles. (Nous en sommes loin).
Les propositions qui précèdent sont mises au vote et recueillent l’unanimité des voix. Les membres du bureau de l’association sont renouvelés pour un nouveau mandat.
La date de la prochaine Assemblée Générale n’est pas encore fixée mais se fera probablement à l’été 2022.
Fait à Reims, le 29 septembre 2021,
Mathilde Hamonet
Secrétaire